Je suis sur l’autre rive

Publié le par Eric Costan

(Illustration olivier Bonhomme)

 

 

Je me tiens déçu

attentif sous la pluie

Il paraît que l’âme peut être immense

Je la crois élastique

nuage

 

Je suis trempé

Tout sera lavé

Le bien et le mal

La tendresse aussi

Ce que la goutte ruisselle à la rivière est pardonné

Pas

           emporté

 

 

           *

 

 

Plein ouest

mon bateau

           Ivre

Être dans la lune ne suffit pas

Il reste des indiens au-delà de l'Iroise

Ou bien

           rien

 

 

           *

 

 

Je les vois boire le sang des passions à même le cou d’un miraculeux

On dirait un pendu debout

 

J’ai pris leurs yeux jaunes pour la fleur au crépuscule

           L’appel du pollen

 

Tenté de rire

Tenté de fuir

Mais j’ai laissé mon corps

Je suis sur l’autre rive

celle des désirs et des rêves

 

L’une lui découpe la peau du crâne

           et la retire

et la pose sur son propre crâne

glabre

et bleu

 

L’autre

lui grignote l’extase de ses lèvres

Le dévore du regard

 

Et son œil est dans le mien

entre mon corps et la réalité

 

La berge s’écroule et tout se noie

 

 

 

           *

 

 

Un ange aux pieds boueux tente un pont de plumes

La rivière refuse

 

 

           *

 

 

Au bout d'un ponton

           très long

ou sur une île verte et grise

il y a peut être une ombre pour passer ce reflet

 

 

 

           *

 

 

Tout le monde

           au-delà de l’eau

           hale sur ce chemin de vie

           passe

           comme si je n’existais pas

Je ne dois pas me plaindre

Je suis de l’autre rive

 

 

           *

 

 

Il faut s’ébrouer

           un peu

           et sourire

           contrits

sur la grève

avant de nous donner

à l’île

mangée par les brumes

rangée

juste là dans l’infini magique

puis entamer la traversée

           les yeux fermés

           main dans la main

           dans le vent

enlevés par le soir

 

Publié dans Poème

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H
Un poème très évocateur. De la tristesse, mais aussi de belles images. Belle illustration aussi.
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E
Merci Hayat.
M
Comme les nuages qui passent, avec leur cortège doux ou effrayants, tes mots vont sur la page et je retiens, entre autres<br /> Je ne peux pas me plaindre<br /> je suis de l'autre rive<br /> <br /> je voudrais y rester alors, même si elle est solitude et chagrin
Répondre
E
J’en suis désolé Marine.