Impressions de lectures : Carmen Penn Ar Run
"... Et ces morts traversées en vertiges"
pour les avoir beaucoup ressenties avec la conscience de devoir toujours écarter les bras, ouvrir la cage pour apaiser dans son espace l'oiseau qui respire, je les effleure en lisant les poèmes d'Eric Costan. J'entends "Des décennies de petites vies", elles "Reviennent pépier dans mon thorax".
Son recueil, "Lorsque la seule réponse est demain" aux Editions La Centaurée, nous emmène éprouver symbiose sur quelques plages, trouver refuge auprès des arbres - tous nommés - ils nous reconnaissent car ils sont à un jet de pierre de notre enfance et n'ont pas oublié l'enfance de la Terre. Tout ce qui est pierre doit revenir à la nature qui la revitalise.
"Mon coeur bat
Tu peux l'entendre
Tu peux entendre comme me trahissent
Les galets dérangés
La surface éventrée
Je suis un intrus
déphasé
Un rythme binaire
Dans la fluidité d'un monde filé"
Dans ces pages, il y a des mains, des diagonales à courber, une porte bleue et de l'amour, même dans les silences. Ils sont là pour mieux veiller en présence, pour mieux "laisser entrer l'eau des songes" et irriguer la terre des jours.
Il faut laisser les mains palper sillons et suivre la direction montrée par l'index prophétique de la poésie. Derrière l'horizon des apparences, au-delà des craintes, elle connaît les passages vers un monde ressourçant. Seul , on y rejoint l'incandescence, on y puise la force de soulever les pierres brulantes et de les laisser courir dans l'eau jusqu'à ce que les cris deviennent murmures et qu'ils atteignent le coeur de l'autre. Alors,
" Il peut tomber des coquelicots
Le bleu des lins
La rivière est venue
Plus rien ne brûle"
Impressions de lecture, Carmen P.