Le pas du chat noir

Publié le par Eric Costan

 

 

Le pas du chat noir

 

 

       1°

 

 

Sinon le mystère des eaux profondes le vert de la douve n’a pas de charme

Le courant d’air fait mentir l’heure

 

Un piano s’égoutte des mâchicoulis et la tour devient carrousel

 

L’instant m’ennuie comme rarement

Passe un chat noir

 

 

       2°

 

 

C’est ailleurs

       dit la musique

 

Le monde s’est tu dans la fêlure d’un sourire

La lèvre et aussi le regard

 

Pleurer

       le noir solitaire d’un nuage à jamais condamné

Pleurer

 

C’est ailleurs

       dit la musique

 

Certainement dans l’évincement de la lumière

L’étirement du clapot

Avant la chute

Sûrement suspendu dans le secret des amours

 

C’est ailleurs

 

 

       3°

 

 

L’arbre qui voit

Egraine les illusions

 

La lumière se fait colonne 

Contourne la ruse du toucher

Le temps pris aux charmes du cheveu ou de l’épaule

S’écorce

 

L’arbre qui voit 

Offre les mots d’après

 

 

      

 

 

Entre deux sommeils

Ou dans l’instant

       abandonné

J’ai toujours cru que tu descendrais du ciel

Point bleu sous ma peau

Pierre sonnante

Te blottir dans mes croyances

 

 

      

 

 

Toi qui sais l’inexprimable suspension de tout ton cœur

 

 

       6°

 

 

Déjà la nuit

 

Mes ailes frondent à se fermer

Les dissonances tournent

M’habillent de poussières

 

Il m’est impossible de tendre les paumes vers la pensée

 

Mais chante

       chante vieux fou

Tes cordes tressautent aux étoiles

 

Il en tombera bien une

un jour

 

     

 

Je peux t’embrasser si tu veux

Mais tu ne sentiras que l’acidulé d’un piano

Et ma question sur ta langue

       Quelle est la couleur des yeux

Du chat noir

 

 

(juin- Sept 2019)

Publié dans Poème

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A
Le deuxième poème me parle particulièrement aujourd'hui <br /> Merci Éric
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E
Bise Anabela
M
On ne le peut pas mais l'arbre nous rassure....
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E
Nous passerons par ailleurs alors
J
Magique Eric, un ravissement tranquille comme une caresse de chat, son chant ralentit mon palpitant puis pffff il s'en va dans une chute silencieux, et moi reste, je chois sur le velours. Merci.
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E
Julie !!! Toi ici ! Chouette. <br /> Merci chère amie.
S
Magnifique, Eric ! Je reviendrai sur ces sentes-ci, c'est certain.<br /> Je m'absente quelques temps, ta poésie m'accompagnera.<br /> Kenavo mon cher poète :)
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E
Ma poésie est à toi Sylvie.
J
J'aime tout mais plusieurs fulgurances me touchent au plus profond. L'évincement de la lumière... et d'autres.
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E
Merci Joëlle
B
La musique, toujours, nous conduit... <br /> Merci Éric pour ce texte magnifique. <br /> Lire et relire. Relire encore. Se laisser guider
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E
Merci Béatrice. La musique toujours nousconduira
M
L'arbre nous rassure et on veut bien croire qu'il en est conscient, la nature nous fait du bien même si elle ne le sait pas...
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M
C'est très beau...<br /> L'arbre a vu, ce qui nous échappe, ou ce qui nous fuit....
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E
comment rapporter dans l'humain la compréhension de l'arbre ?